2022, “Obéir, la désobéissance originelle” – En hommage à Omar Racim, Villa Abdeltif, texte HZ & Mohamed Badaoui

Dès après qu’il eut créé le monde de l’art à Bou-Saada, Dinet défendit au « peintre » – en s’adressant à Antar & Abla – de manger du « Malus domestica », arbre de la connaissance de l’art, parce que ce n’était point encore l’heure où il pouvait discerner l’un l’autre. Il leur intima cet ordre :

 « Tu pourras manger de tous les arbres du jardin ; mais tu ne mangeras pas de l’arbre de la connaissance de l’art, car le jour où tu en mangeras, tu mourras ».

Le serpent, se mêla à la conversation, il dit au couple :

 « Vous ne mourrez point ; mais Dinet sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront, et que vous serez comme des artistes, connaissant le bien et le mal de l’art ».

Séduit par ces paroles prometteuses du reptile, le couple mangea du fruit du « Malus domestica ». Cela mit Dinet en colère, et il les réprimanda. Puis il dit au serpent :

« Je mettrai une inimitié entre toi et le couple, entre ta postérité et la leur ». 

Ainsi, le couple se retrouva à Bou-Saada, pour manger des pommes. Un beau jour très ensoleillé, Marçais les sauva.

Plus tard, Pégase de passage par hasard chez les Ouled- Naïl, vint encore à leur secours, pour se sacrifier et mourir avec eux sur tous les champs de bataille.

Le « Malus domestica » aime le printemps, comme tous les artistes.

HZ

Zoubir Hellal a pris de la pâte à modeler pour refaçonner des personnages à mi-chemin de Gilgamesh, d’Adam, d’Eve et de Pépé le Moko. L’œuvre se déroule comme le story-board d’une fable de black metal où Prométhée préfère rouler en mobylette dans les ruelles crasseuses de Bab El Oued que de se soumettre à l’ordre de l’Olympe.

Il fume certainement de la zetla, avale «saroukh» sur «saroukh», plane sans avoir besoin de Pégase et se moque des pommes fussent-elles gorgées de gnose. Toute l’histoire résumée en quelques planches, prise à main levée par un artiste qui a, semble-t-il, installé son chevalet près d’un hammam de la Basse Casbah ; un lieu où le pur et l’impur, l’essentiel et le futile se côtoient en toute nudité. Avec une espièglerie volage, il rappelle ainsi aux esprits bien ordonnés que le monde est né de la désobéissance.

Mohamed Badaoui, Ecrivain et metteur en scène