2014, “Écoute petit homme”, Galerie Dar El Kenz, Commissaire de l’exposition, Mme Zahia Guelimi.

«Écoute petit homme » est une exposition de peintures et de dessins située à la galerie Dar el Kenz du 8 février au 8 mars 2014, qui réunit les premières œuvres créées entre 1973 et 1977, par Hellal Zoubir lorsqu’il résidait à Paris et qu’il était étudiant en art de décoration et architecture d’intérieur.

Hellal Zoubir fréquentait les Beaux-Arts de Paris et habitait la cité des Arts. Pendant ses études parisiennes, il s’est passionné pour tous les livres traitant de la condition humaine avec notamment les livres du psychanalyste, théoricien politique et militant révolutionnaire autrichien William Reich.

Le titre de l’exposition fait référence à un des titres de ses livres. Dans cette étude, le psychanalyste dénonce les personnes prétentieuses et arrogantes qui provoquent les troubles d’humanité pouvant mener à des dictatures, la course à l’individualisme et l’intolérance.

À travers cette exposition, le peintre souhaite aussi réactiver la mémoire de Mohamed Boudia révolutionnaire et homme de théâtre algérien assassiné en 1973 par les services secrets israéliens, le Mossad en raison de son activisme pro-palestinien. Ces deux fortes personnalités sont mentionnées dans cette exposition pour rendre hommage à leur combat humaniste et leur courage face aux perpétuelles persécutions qu’ils ont subies. Cette fin des années 70 est marquée par un profond bouleversement dans les sociétés occidentales et une période où les militants de la cause humaine, source selon lui de réalités et de mythes bien ancrés ont voix au chapitre.

Ces références à ces deux personnalités permet de s’interroger après l’échec des révolutions arabes excepté en Tunisie, sur le sort d’un continent qui subit une néo-colonisation rampante justifiée par la mondialisation.

De ce fait, les peintures à l’huile réalisées par le jeune Hellal Zoubir à l’époque reflètent sa démarche philosophique de l’époque qui tend à séparer l’âme du corps, tout en insufflant à ces deux entités une force matérielle incontestable.

Dans un véritable chaos, des morceaux d’humanité disloqués apparaissent : corps en lambeaux, bras ensanglantés, têtes ahuries et blessées. La main est un leitmotiv, parabole de l’effort collectif qui réunissait l’homme au temps du socialisme ambiant de l’époque. L’œuvre La corde est une des plus parlantes : elle représente un homme accroupi, le bras attaché à une corde comme dominé par un pouvoir mystérieuse externe qui le dirige comme un funambule.

Cette forme de soumission et de domination sous-jacent est combattue constamment par Hellal Zoubir. Le peintre dessine aussi autour d’une réflexion sur la sensibilité humaine, un homme fragile qui peut faillir. C’est bien cette double dualité complexe, présente en chaque être humain que rend compte l’artiste.