1989, “Antar Wa ABla”, à la Galerie Isma, Commissaire de l’exposition, Mr Mustapha Orif.

Victime de dieu Pan qu’elle a osé repousser de son amour malheureux pour le beau Narcisse la nymphe Echo fut condamnée à n’être plus qu’une voix solitaire et désincarnée un spectre sonore qui ne sait répéter que le dernier mot entendu.

L’exposition de Hellal Zoubir à la Galerie Isma réincarne le double mythe. D’abord à cause de l’écho de l’ex. nom de la Galerie qui colle encore aux lieux ensuite et surtout à cause de l’écho amplifié de la tonalité émotionnelle de l’artiste qu’une “parabole” artistique essaie pathétiquement de nous cacher. Nous avons l’impression que Hellal Zoubir entr’ouvre enfin sa vraie porte qu’une chaîne de sécurité cependant retient et l’énormité du risque ne l’y fait compromettre qu’un seul œil.

Pourquoi Hellal Zoubir – contrairement à ce qu’il confie dans son entretien avec A.E.T “le terrible” joue-t-il le pauvre quand il a le sou ? Car il est riche d’émotions mais la pudeur le fait jouer au sarcasme en guise de forme artistique. Dans “Antar Wa Abla” se cache un désir d’exaltation, de liberté et une nostalgie de l’âme dont le sarcasme ou la “dérision” comme il le dit n’est qu’un écho superficiel. La parabole Marie Abla-Antar ne tend à voiler l’éclectisme esthétique qu’il parodie ni tout à fait les anachronismes socio-culturels qui l’écorchent vif. La parabole voile la question primordiale et lancinante que Hellal Zoubir murmure dans l’alcôve de A.E.T – “Est-ce qu’un peintre a le droit de faire ce qu’il a envie de faire. Mais qu’est-ce qui empêche donc le droit à la berté d’expression ? Mais qu’a-t-il envie de dire au juste ? Si Zoubir use de son droit de s’attaquer aux contraintes de l’histoire de l’art aux mythes du 19 siècle français, à ceux du XX siècle dit “Universel”et à leurs croisements naturels avec ceux des cultures plus “locales” il n’arrive pas à vaincre les strates compactes de notre éducation ancestrale comme la pudeur la morale et autres conventions.

Ces règlements de compte plastiques ne nous empêchent pas de voir ce dont Hellal Zoubir à vraiment envie à savoir éclatement cependant pas se laisser prendre à l’éclatement de l’esthétique formelle et historique qu’il nous propose. Ce n’est que l’écho de son désir d’éclatement propre.

Extrait du texte de Mme Malika Bouabdellah -revue du Musée National des Beaux-Arts d’Alger