1983, “l’oiseau pour en finir avec le chien”, au Centre Culturel de la Wilaya d’Alger
L’art a ce côté physique, sensitif, si fort, si justificatif de son existence même qu’on se trouve toujours gêné d’avoir à en parler, sans le donner à voir, comme si, de la même façon que pour la Loi, le lecteur était censé ne pas ignorer l’œuvre en question. Cela vaut à fortiori pour la peinture de chevalet, encore confinée dans des circuits restreints. On se rattrape ainsi en faisant parler l’auteur…
L’exposition de Zoubir aura confirmé pour notre part, la disponibilité d’une nouvelle génération de plasticiens à prendre en charge ce que nous pourrions appeler la gestion du beau. Il en est d’ailleurs grand temps au risque de nous crisper maladivement autour de quelques noms auxquels il faut savoir être gré, tous mérites confondus, d’avoir fait la jonction et posé le fondements d’une expression nationale en la matière, encore bien chancelante est-il besoin de le rappeler…
« Prendre sa liberté ». Alors pourquoi pas le gris ? Il n’y a pas qu’une seule voie dans l’Art. Il ne peut y avoir d’Art à sens unique. On n’est certes pas obligé de reproduire les couleurs dites locales quand « la vie intérieure » nous en propose des milliers d’autres. On n’est pas obligé de croire que le gris c’est la tristesse. Il y a également des milliers de gris. Du plus triste au plus gai.
Beaucoup de nos peintres travaillent sur le signe ou sur la minéralité et la végétalité. Alors encore, pourquoi pas le chien et l’oiseau ? Pourquoi pas cette thématique qui rappelle la poésie mystique soufiste : « Dieu a composé l’animalité et l’humanité afin que toutes deux se manifestent, les choses s’identifient à leur contraire ». Pourquoi pas ?
Extrait de l’article de Mr Améziane Ferhani, Critique & auteur
Algérie Actualité, 1983